LE moment... [libre pour tous mais prio à Souffly]

É.toile C.éleste

Cela faisait maintenant deux lunes environ, ou bien plus, qu’Étoile Céleste avait su qu’elle attendait des petits. Ses bébés… Mais était-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle? La majestueuse louve se le demandait encore, même au terme de sa grossesse. Bien sûr qu’elle était heureuse, plus qu’heureuse même, de porter les enfants de son Souffle d’Étoiles, si tendre et attentionné avec elle. Faire naître sa progéniture serait un immense honneur pour la si respectée Alpha et, dans son cœur, Étoile Céleste rêvait d’avoir un fils tel que son amoureux, un fils où elle pourrait, lorsque le massif loup gris serait partit à la chasse, regarder ses prunelles d’enfant. Mais toute bonne nouvelle à un côté négatif! Et oui, selon toutes les plus hautes attentes de la femelle immaculée, sa gestation n’avait point été une partie de plaisir et ça avait empiré graduellement. La meneuse des Roseaux avait eu, au tout début, quelques vertiges minimes, insignifiants, qui s’étaient ensuite transformés en nausées abondantes. Et, en ce moment, depuis peut-être dix soleils levant, c’était des évanouissements totals qui la prenaient le matin. Au grand dam d’Éclipse Noire, sois disant passant. Toutes ces conséquences pesaient d’un poids si lourds sur les fines épaules de la louve blanche comme neige qu’elle venait parfois à éclater en larmes, à tout bout de champ, en pensant qu’elle ne réussirait pas à donner la vie à un quelconque petit loup.

C’est avec cette morbide pensée qu’Étoile Céleste s’éveilla dans la lumière naissante que filtrait l’obscurité de leur chez soi, à elle et à son bel âme sœur. Ses paupières papillonnèrent de sommeil pour enfin laisser voir ses prunelles d’une pureté incomparable, d’un bleu d’océan profond. Étendue sur son côté gauche, son gros ventre à la vue de tous, la belle femelle bailla à sans décrocher la mâchoire, exhibant des crocs d’une blancheur stupéfiante et d’une longueur à en faire peur. Elle étira chacune de ses pattes longilignes et, tout à coup, une vive douleur contracta son ventre gonflé. La futur mère aurait pu hurler de souffrance, mais la douleur était partie aussi vite qu’elle était venue. Serrant la mâchoire aussi fort qu’elle pu, la pauvre dû réprimer un sanglot. Non de peine, mais de frustration. Quand donc tout cela allait se terminer, quand donc pourrait-elle se réveiller sans avoir la profonde conviction qu’un quelconque malaise allait l’attaquer d’une minute à l’autre? La grande chef se le demandait bien gros…

Soupirant de lassitude, Étoile Céleste se mit sur ses pattes et regarda autours de tanière si son Souffle d’Étoiles avait été témoin de cette douleur peu confortable. Non, la louve était seule sur sa couche d’herbe et de feuilles fraîches. Encore une fois, sa nuit avait duré plus longtemps qu’avant sa grossesse. La tête haute, la démarche pesante et gauche, la représentative femelle d’Ordona dans cette meute sortit à la chaleur du plein jour fourmillant d’activités. À la vue de toute cette agitation, la jeune femelle eu une idée bien farfelue dans l’état où son corps se présentait. Une partie de chasse au cerf avec son bel ami l’Alpha mâle. Et en parlant du loup, Souffle d’Étoiles était juste à côté d’elle, devant l’entré de leur grotte! Comment avait-elle fermé les yeux pour ne pas voir que ce qu’il y avait de plus beau sur Terre était à côté d’elle? La louve au pelage de satin laissa échapper un doux rire mélodieux, carillonnant tel le chant joyeux des oiseaux, et vint fourrer son museau dans la fourrure à l’odeur si masculine de son compagnon qui frissonna à son contact. Savourant quelques instants son odeur caractéristique de mâle, Étoile Céleste lui donna un grosse léchouille sur le museau et le regarda de ses grands yeux rieurs.

-Ça te dirait une partie de chasse à deux? dit-elle de sa voix mielleuse.

Et là, encore sans avertissement, une autre douleur la foudroya de plein fouet. Perdant son sourire, elle grimaça de souffrance jusqu’à ce que la douleur s’en aille d’elle-même. Se reprenant vite, la futur maman se força un sourire peu naturel pour Souffle d’Étoiles et rajouta.

-Allez, s’il-te-plaît! Ça me fera du bien, je me sens bien pataude ces derniers temps…

La louve s’éloigna un peu, la queue battant l’air à tout rompre, et regarda le deuxième Alpha par-dessus son épaule, les yeux pétillants.

Souffle d'Etoiles
Ce que j'éprouve pour toi dépasse l'amour, mais personne n'a encore inventé de mot assez fort pour ça...

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Un matin de plus. Un jour de plus. Un jour qui le rapprochait du grand evenement qu'il attendait tant... L'accouchement. Dans peu de temps, il serait père. Il allait avoir des enfants de la plus belle créature que la terre ait jamais créé : Etoile Céleste, cheffe du clan des Roseaux, mais avant-tout sa compagne. Il ne savait s'il était prêt pour élever des enfants, mais ce qui lui importait le plus était de le faire avec leur douce mère. Celle-ci avait d'ailleurs beaucoup de mal avec sa grossesse. Cela préoccupait le chef en permanence. Elle était prise d'évanouissements brutaux et de nausées violentes et la guerrisseuse avait du mal à la soigner... Mais bientôt tout serait fini ! Etoile Celeste serait liberée de toutes ces souffrances et ils pourraient fonder leur famille sans autres soucis que de faire de leurs descendants des guerriers forts et aguerris...

Le chef se leva et sortit de la tanière où la future mère dormait tendrement. Elle avait besoin de sommeil et il ne la reveilla pas. Dehors, le camp avait commencé à s'activer. Chacun avait de quoi s'occuper sauf les apprentis qui dormaient encore profondèment. Il s'assit et observa chacun de ses guerriers avec attention. Il était fier de pouvoir dire qu'il avait confiance en ces loyaux chasseurs aux griffes affûtées. Soudain, il entendit un bruit de pas derrière lui et lorsqu'il se retourna, elle était là. Le guerrier ne pu s'empêcher d'admirer sa beauté et sa grâce, malgré son ventre rebondit. Le soleil levant l'éclaira d'une douce lueur blanche et elle sembla briller de milles feux comme la lune une nuit d'été : elle éclairait sa vie sombre et terne de sa beauté resplendissante. Il ne pu s'empêcher de penser qu'une telle créature ne pouvait exister que dans les légendes, mais non. Elle était bien réelle et il l'aimait passionnément.

Lorsqu'elle le vit, elle s'approcha en riant et fourra son doux museau entre ses poils. Il fit de même, heureux de la voir heureuse. Lorsqu'elle retira sa tête, elle lui assena un magnifique coup de langue et lui demanda :

-Ça te dirait une partie de chasse à deux?

Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle grimaça de douleur. Une nouvelle contraction. Une fois de plus, la contraction s'arrèta avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit... Elle souria de nouveau d'une manière très peu naturelle et ajouta en s'éloignant un peu :

-Allez, s’il-te-plaît! Ça me fera du bien, je me sens bien pataude ces derniers temps…

NON !... Mais comment resister à ces yeux-là ? ... NON il ne faut pas ! C'est dangereux ! Et si elle s'évanouissait en pleine chasse ? ... Mais impossible de lui dire non, je l'aime trop pour la décevoir ... Ses idées se mélangaient à toute allure !

-Heu...

Il avait l'air bête, là. Son inquiètude se voyait beaucoup, mais son regard était allumé par l'amour qu'il lui portait. Après tout, elle avait traversé beaucoup d'épreuves... il pouvait se permettre de lui accorder un peu de repos ! Il déglutit.

-Heum... Oui, d'accord ! Cela fait longtemps que nous n'avons pas chassé ensemble ! Où veux-tu aller ?

*Je t'en prie, pas trop loin ! Je veux pouvoir te ramener rapidement s'il y a un problème !* pria-til en silence. Il était trop protecteur. Il le savait. Mais être prévoyant était-il une mauvaise chose ?

É.toile C.éleste

Les yeux azurs de la douce femelle pétillaient de désir et de malice. Quand elle utilisait une telle tactique, Souffle d’Étoiles ne pouvait refuser sa demande incongrue pour sa situation, elle le savait. Quelques fois, la future mère haïssait utiliser ses charmes de demoiselle, mais d’autres parts, quand elle voulait absolument quelque chose, elle était ravie de les utiliser à bon escient. Son bel amoureux semblait hésiter à accepter sa proposition et ça se comprenait. Le grand loup gris était tellement attentionné, gentil, protecteur… C’est bien pour ça qu’Étoile Céleste l’aimait d’un amour inconditionnel, d’un amour sans bornes. Le mâle Alpha balbutia, ayant l’air de ne savoir que dire. La louve immaculée eu un petit sourire en coin. Qu’il était mignon ainsi! Enfin, après avoir avalé sa salive, il se décida à donner son verdict.

-Heumm… Oui, d’accord! Cela fait longtemps que nous n’avons pas chassé ensemble! Où veux-tu aller?

Son sourire en coin se transforma en un large et resplendissant sourire. Tous ses soucies, à cet instant, s’envola comme par magie dans les méandres de son esprit empli d’extase. Ses soudaines douleurs à son réveil n’existaient plus. Oui, oui! Maintenant, elle pourrait se dégourdir les pattes et se lâcher lousse. Revenant sur ses pas de sa démarche lourde, Étoile Céleste donna une seconde léchouille sur la truffe de celui qui avait fait chavirer son cœur.

-Merci! J’avais pensé aller à la plaine Verdoyante. À ce que j’ai entendu à travers la meute, un troupeau de cerfs y séjournent.

La chef de la Meute des Roseaux fit volte face, un peu plus gauchement que d’habitude, et courut jusqu’à la sortie du camp, disant par-dessus sa fine épaule :

-Allez, viens!

Nombreux devaient trouver leur meneuse un peu trop enjouée et imprudente de sortir du camp dans sa condition, mais elle s’en foutait royalement. La louve longiligne avait la chance de tout oublier et elle allait en profiter au maximum. Mais, malheureusement, le présent vous rattrape toujours et n’allait certainement lâcher la belle jouvencelle, loin de là. Sachant que son « preux chevalier » la talonnait, Étoile Céleste prit la direction de la plus grande plaine que ce coin de pays ait habitée. Les deux tourtereaux slalomèrent quelques minutes entre les feuillus et les conifères à une allure raisonnable. La chef à la fourrure de neige qui était, depuis le début de leur excursion, en tête avait bien du mal à sauter par-dessus des troncs brisés en deux et les bosquets d’orties. L’air avait de la difficulté à se rendre jusqu’à ses poumons et, avec cela, cette même douleur qui l’avait frappée à son réveil lui contracta le ventre plus longtemps qu’auparavant. Son visage se déforma sous le choc jusqu’à ce qu’elle parte d’elle-même. Elle frissonna, mais ne ralentit tout de même pas. Son Souffle d’Étoiles ne s’était rendue compte de rien, enfin, l’espérait-elle. Le hic avec elle, pendant sa grossesse, c’était que la femelle avait extrêmement honte de se faire aider. Habituellement, toute personne apte à se déplacer n’avait point besoin d’assistance, mais une future maman, à la maternité difficile, ça, il faut l’aider. C’est sûr, par moment, elle en était contente, mais rendue au point d’avoir de la réticence à marcher, là, cela dépassait sa ligne de passage.

Ils continuèrent à se déplacer en silence, ce même silence brisé par la respiration essoufflée d’Étoile Céleste, et, dix minutes plus tard, les deux compagnons pour la vie purent apercevoir une étendue gigantesque de hautes herbes surplombées d’un chaud soleil rougeoyant. Dans la grande mer vert émeraude broutait paisiblement un troupeau de cerfs fier et altiers en compagnie de superbes biches. Cette bande paraîtrait insaisissable aux yeux des Bipèdes, mais pour nos chers loups, les plus vieux, les malades et les jeunots étaient des proies de choix. Les babines de la meneuse aux prunelles d’azur salivaient d’excitation à l’idée seule de manger de la viande fraîche, semblant ne plus se souvenir de la douloureuse contraction d’auparavant. C’est fou comment la faim peut nous faire oublier une tonne de choses!

Étoile Céleste avança une de ses pattes, prête à s’engager dans la Plaine Verdoyante et… PAF! Sa douleur au ventre la happa de plein fouet si violemment que, cette fois-ci, elle ne put réprimer un hurlement de souffrance si déchirant que le troupeau de cervidés partit au galop, au loin. En deux temps trois mouvements, l’Alpha à la douce toison blanche s’effrondra sur son flanc droit, les membres crispés et tendus, la respiration saccadée, le regard voilé. Que devait penser Souffle d’Étoiles? Une autre contraction, une plainte déchirante. La louve immaculée comme neige sentit un liquide chaud et presque indésirable entre ses postérieurs. Non, non! Ça ne pouvait pas être maintenant! Pas à l’orée de la Plaine! CE moment lui faisait si peur. Elle ne voulait pas voir de petits mort-nés, elle ne voulait pas succomber à cette épreuve et ne plus voir son Souffly. D’un autre côté, elle serait délivrée de ses malaises et elle pourrait mener une vie de pur bonheur en compagnie de ses bébés et de son amoureux. Ses belles prunelles d’océan emplies de larmes d’argent, elle leva sa tête (un calvert en plus) et regarda péniblement son beau mâle argenté.

-Nos petits… Ils arrivent… Va chercher… Éclipse Noire ou… Nuage des… dit Étoile Céleste avant de faire la grimace et d’expirer bruyamment. Neiges…

La future accouchée reposa son crâne sur le tapis moelleux d’aiguilles de pin en une douce délivrance. Tout devenait brumeux autours d’elle et seul le mal la tenait réveillée. Qu’on la délivre de cet enfer de souffrances, qu’on vienne l’aider à donner la vie à ses enfants, aux enfants de son damoiseau. Jamais la grande chef n’aurait cru que CE moment serait aussi éprouvant, cruel… Et ce n’était que le début…